Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/257

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que cet élan réservé que donne une forte conviction dans le droit, dans les principes. Il s’était borné à faire publier sa proclamation par les autorités secondaires, selon la forme habituelle, et elle ne décidait pas aussi souverainement la question entre l’esclave et le maître ; bientôt après il répara cette faute.

Cependant, le premier moment d’enthousiasme dans le Nord étant passé, des excès y furent commis par les intrigues de quelques ambitieux et d’autres agitateurs, intéressés à susciter le désordre. Deux noirs qui s’étaient soumis aux commissaires civils avec leurs bandes, Pierrot et Pierre Cécile, devinrent les agens de ces excès dans les paroisses du Port-Margot et de Plaisance. Il en fut de même au Port-de-Paix. On y prêchait aux noirs la défense de travailler, comme conséquence nécessaire de l’affranchissement. Ils se livrèrent à des dévastations, à d’affreux brigandages, dans la crainte qu’on leur inspirait aussi que la liberté serait bientôt révoquée. A. Chanlatte, qui occupait Plaisance, ayant voulu s’opposer à ces désordres, fut cerné par de nombreuses bandes. Sonthonax dut faire marcher à son secours, pour le dégager et réprimer sévèrement ces mouvemens désordonnés.

Dans la petite île de la Tortue, les choses se passèrent avec calme, par l’influence soutenue qu’y avait toujours exercée le blanc Pierre Labattut, qui était le plus grand propriétaire de l’endroit et commandant de la garde nationale. Il sut préserver ce berceau de la colonie de Saint-Domingue de tout excès, comme de la conquête des Anglais durant leur occupation de quelques points de la grande île.


Pendant que Polvérel espéiait le plus grand succès des