Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/275

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s’empresser d’envoyer dans cette île, des commissaires chargés de réclamer des secours à l’occasion de l’insurrection des noirs du Nord et des hommes de couleur de l’Ouest, et, en attendant, adopter la cocarde noire de la nation anglaise ; on voit l’assemblée provinciale de l’Ouest y envoyer également des commissaires. On se rappelle que cette assemblée et la municipalité du Port-au-Prince refusèrent d’abord d’accéder aux concordats de la Croix-des-Bouquets, en proposant aux hommes de couleur, pour condition de leur adhésion, de se réunir à elles pour se soumettre à la Grande-Bretagne, et qu’au traité de paix de l’habitation Damiens, Caradeux le Cruel renouvela cette proposition à Bauvais et Pinchinat qui s’y refusèrent de nouveau.

Les colons durent espérer que la Grande-Bretagne accepterait leurs propositions par plusieurs motifs. D’abord, elle ne pouvait que saisir avec empressement l’occasion de se venger de la France qui avait tant favorisé la révolte de ses colonies. Lui enlever Saint-Domingue, la plus belle et la plus florissante de ses possessions d’outre-mer, ou favoriser la révolte des colons de cette île, c’était un moyen de diminuer son importance commerciale dans le monde, en s’assurant pour elle-même un débouché avantageux pour les produits de ses manufactures, avec l’accaparement des denrées de la colonie. Ensuite, la Grande-Bretagne, ne songeant pas alors à prononcer l’affranchissement des esclaves de ses colonies des Antilles, ni même l’abolition de l’infâme trafic des noirs, éloignait par là un danger pour ses colonies ; car la prise de possession de Saint-Domingue ou l’indépendance des colons devait entraîner le maintien de l’esclavage.

Mais à cette époque, non-seulement la guerre n’existait