contre lui. » Il était tout simple de lui envoyer l’ordre de s’y rendre, puisqu’il avait promis d’obéir.
Redoutant encore le dévouement de sa troupe, la commission fit, le 19 mai, une proclamation qui déclarait amnistie en faveur de tous ceux qui mettraient bas les armes. Elle envoya au camp de Villatte une députation composée de César Thélémaque[1], Leborgne et Bellevue, porter cet acte, dont lecture fut donnée à la troupe. Villatte déclara le camp dissous. Mais un noir de cette troupe s’exprima avec véhémence contre Laveaux et Perroud : nouvelle preuve que Villatte n’était pas considéré par les noirs comme un de leurs ennemis. Villatte se rendait au Cap avec les trois députés, quand, arrivé à une lieue de la Petite-Anse, il rebroussa chemin et retourna à son camp[2]. Les députés revinrent seuls.
Sur le compte qui fut rendu à la commission par cette députation, elle rendit un nouvel arrêté qui mit Villatte hors la loi, et ordonna de lui courir sus et de l’emmener mort ou vif. Mais Villatte, pour éviter une guerre civile entre sa troupe et celle du Cap, se rendit par le port de Caracol, sur la frégate la Méduse, où le capitaine Thomas le reçut avec les égards dus à un officier général qui avait si bien défendu la cause de la France. De là, il fut transféré avec ceux accusés de complicité, sur la corvette la Hyéna, qui les porta en France. Arrivés à Rochefort, ils
- ↑ César Thélémaque, noir respectable, devenu secrétaire d’Etat de la République d’Haiti, en 1807. Il était natif de la Martinique.
- ↑ « Il est constant que Toussaint Louverture était à la Petite-Anse avec 400 dragons, et qu’il y était sans ordre du gouvernement, le jour où Villatte, mandé par l’agence, devait se rendre au Cap, et que ce général n’étant plus qu’à une lieue de ce bourg, averti par un courrier de ce qui l’y attendait, tourna bride sur le champ, laissant au milieu du chemin les commissaires chargés de le ramener, dans un étonnement qui ne cessa qu’à la vue de Toussaint et de sa troupe… » (Rapport de Kerverseau, qui était alors au Cap.)