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la commission des colonies, qui leur demandait des renseignemens sur la conduite de Montbrun à Saint-Domingue. Ceux qu’ils donnèrent lui étaient favorables, jusqu’à leur départ en octobre 1793. Cette demande de renseignemens était sans doute motivée, ou par la dénonciation que Sonthonax aura portée contre lui après l’affaire du 18 mars, ou par les plaintes de Desfourneaux, à son arrivée en France.

Rigaud écrivit à Laveaux, le 11 septembre, pour l’informer de l’ordre d’arrestation lancé contre Montbrun, qu’il accusa de vexations atroces, d’agiotage, d’accaparemens, en lui envoyant les plaintes formées contre cet officier supérieur. Il n’était pas question de l’autorisation inscrite dans la lettre de Polvérel, et des motifs politiques sur lesquels l’ex-commissaire s’appuyait. C’étaient cependant ces motifs-là qui formaient le fond de cette arrestation arbitraire et déloyale. Laveaux répondit à Rigaud, le 23 septembre ; il approuva cette mesure et donna l’ordre d’envoyer Montbrun en France, avec les pièces à l’appui. C’est sans doute cet ordre qui fît changer de dispositions à Rigaud ; il ne pouvait plus le laisser partir par le navire américain, où il ne serait pas en état d’arrestation. Aucun navire de guerre ne s’étant présenté avant la Concorde, le prisonnier resta victime de ce contretemps.


Nous avons jugé l’intention et la lettre de Polvérel ; jugeons maintenant la conduite de Rigaud à l’égard de Montbrun, jugeons celle de Bauvais.

Après les faits que nous venons de relater, quel lecteur intelligent peut ajouter foi aux motifs donnés par Rigaud à Laveaux, sur l’arrestation de Montbrun ? Qui peut ne