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litaires, par des hommes de couleur à l’égard des cultivateurs de leurs habitations, par des employés de l’administration. L’agent lui ordonnait de faire cesser ces abus. Mais en lui répondant, le général en chef défendit tous ceux dont on se plaignait, ou présenta des excuses en leur faveur, à raison des circonstances, et il en donna de fort bonnes raisons.

Le 26 juin, il adressa en communication à Hédouville, un projet de lettre qu’il voulait écrire au Directoire exécutif, pour faire des observations au sujet d’une loi concernant les biens des émigrés. Il allait régenter ce gouvernement, d’après les termes de sa lettre ; mais le 5 juillet, Hédouville lui répondit en l’engageant à n’en rien faire, parce qu’il se compromettrait par le ton qu’il prenait : la lettre de l’agent est affectueuse. Le 10, il l’en remercia avec chaleur et lui dit qu’il suivrait toujours ses conseils.

Dans le même temps, il se passait d’autres choses qui prouvent que plusieurs des généraux noirs essayaient de contrecarrer l’autorité d’Hédouville.

Cet agent avait donné l’ordre directement, il est vrai, au chef de brigade Boerner, commandant déplace à Saint-Marc, de changer les noms des rues de cette ville qui étaient encore ceux de l’ancien régime. Dessalines, commandant de l’arrondissement, s’y opposa, en donnant pour motifs que l’agent aurait dû lui écrire à lui-même à ce sujet. Dénoncé par Boerner, Dessalines reçut un ordre d’Hédouville, écrit avec vigueur, de garder les arrêts durant quatre jours ; il ordonna en même temps à Boerner de passer outre. Averti de cette particularité, T. Louverture ordonna les arrêts à Dessalines durant quinze jours, et Hédouville fut obligé d’intervenir pour les faire cesser après onze jours d’exécution. À ce sujet, Dessalines lui