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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/485

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sillades la décimaient. La fièvre jaune décimant aussi l’armée française, il fallut recourir aux chefs de l’armée coloniale pour opérer le désarmement.

Ces chefs ne pouvaient désirer rien de mieux, afin de porter la conviction dans les masses, — que l’administration européenne se proposait de rétablir leur esclavage : en les pénétrant de cette vérité, ils s’assuraient d’utiles et ardents auxiliaires pour leurs projets ultérieurs. Des révoltes partielles vinrent justifier leur espoir.

Dans ces circonstances, les deux hommes qui personnifiaient de nouveau les deux branches de la race noire, se rencontrèrent ; et quoique anciennement ennemis, ils s’entendirent secrètement sur le plan d’insurrection générale à laquelle il fallait recourir pour les sauver. Pétion ayant donné d’avance à Dessalines l’assurance de son concours et de sa soumission, le succès de leur glorieuse entreprise ne pouvait être douteux. Mais, en attendant qu’ils en donnassent le signal aux débris de l’armée coloniale, la révolte des chefs de bandes faisait des progrès : la plupart étant des Africains, et forts de leur priorité dans l’insurrection, ils élevaient malheureusement la prétention de diriger exclusivement les choses, selon les idées bornées de leur pays natal. Cette prétention, indépendamment des atrocités qui se commettaient journellement contre la population indigène, devait hâter la prise d’armes des vrais chefs qui allaient la guider : elle s’effectua.

Cette défection courageuse arriva peu avant que le capitaine-général Leclerc fût frappé de mort par la fièvre jaune. À lui succéda Rochambeau qui avait inauguré les crimes de l’armée expéditionnaire, qui en avait déjà in-