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à combattre jusqu’à extinction pour soutenir l’indépendance d’Haïti.

Le jour même de l’arrestation de Franco de Médina, une proclamation royale adressée aux Haïtiens, annonça ce fait en considérant cet agent comme un espion français, et son prochain jugement par un conseil spécial militaire, qui fut formé en même temps. Il était composé de sept membres et présidé par le général Richard, duc de la Marmelade et gouverneur du Cap-Henry.

Le prévenu ne subit son premier interrogatoire que le 17, puis un autre le 24, ainsi qu’il résulte des pièces publiées. On remarque dans ces deux actes avec quel art les questions furent posées, pour que les réponses du prévenu fussent faites de manière à rendre Pétion coupable de trahison envers son pays qu’il aurait voulu, selon ce système, livrer aux Français : ou plutôt, il ne faut y voir que les accusations que Christophe y fit insérer, dans l’espoir de le perdre aux yeux des noirs de la République, de même que tous les mulâtres. Juste Hugonin, général et comte de Richeplaine, procureur général, faisait les fonctions de cette charge auprès du conseil militaire ; et ce fut cet ignoble mulâtre qui servit d’instrument à son maître en cette circonstance ! Comme Christophe savait que D. Lavaysse était alors au Port-au-Prince, l’occasion lui en parut belle.

Selon les prétendues réponses de Franco de Médina, cette mission n’était que le résultat d’un traité déjà conclu entre Pétion et l’Empereur Napoléon, à la fin de 1813, dans une mission remplie en France par Tapiau, homme de couleur des Cayes[1] ; de l’envoi d’un navire à

  1. Avant l’arrivée de Rigaud aux Cayes, Tapiau était parti pour l’étranger où il avait des