Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/119

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navire sur lequel il allait s’y rendre. Il était encore malade et d’une grande faiblesse.

Après avoir pris lecture des pièces trouvées en la possession de Franco de Médina, d’après les imprimés du Cap, Pétion fit appeler le docteur Mirambeau et les lui fit lire à son tour. Il était indigné des instructions du ministre de Louis XVIII, tant à cause de leur teneur, des vues qu’elles dévoilaient, que de l’injure que cet ancien colon faisait à son caractère et à ses sentimens, en supposant qu’il eût pu se prêter à des machinations aussi perverses, pour trahir la cause de sa patrie et de ses concitoyens.

Mais, d’un côté, Pétion avait invité D. Lavaysse à venir au Port-au-Prince, et il avait correspondu avec lui après l’avoir admis en qualité d’agent du gouvernement français ; de l’autre, en prenant lecture des instructions du ministre de la marine, il reconnut que cet agent les avait écartées de son chef, pour ne lui proposer que ce que le président lui-même trouvait assez naturel de la part de ce gouvernement. La stricte équité, toujours bonne conseillère en politique ainsi qu’en toutes choses, exigeait donc qu’il ne considérât pas D. Lavaysse comme un espion, qu’il ne le traitât pas comme tel ; mais il se devait à lui-même, de le renvoyer immédiatement, de lui signifier de partir.

En conséquence de cette résolution qui fait honneur à son caractère, Pétion chargea le docteur Mirambeau de lui intimer cette injonction, en lui communiquant les imprimés venus du Cap et lui disant que, convaincu maintenant des vues perfides du gouvernement français, il saurait mettre la République en état de se défendre contre ses embûches et ses armes. Cette mission, confiée