Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/211

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En outre, de même que la création de la chambre était une imitation du système représentatif de la France, il était raisonnable de prévoir que ses membres seraient entraînés, malgré eux, à imiter l’opposition parlementaire de ce pays. Rien n’était plus naturel, puisque les journaux français étaient introduits en Haïti par les navires qui fréquentaient ses ports. Car notre indépendance politique ne saurait nous affranchir des idées de toute nature de cette ancienne métropole ; et, d’un autre côté, l’institution d’une chambre de représentans a pour objet, non-seulement de s’opposer aux abus, aux empiétemens du pouvoir exécutif, s’il y a lieu, mais aussi d’en provoquer incessamment des mesures pour la meilleure administration de l’État.

Nous pensons donc, qu’avant de fonder cette institution, on aurait dû songer préférablement à former des hommes pour cette administration, qui pussent comprendre les besoins réels du pays par leur initiation à la marche des affaires publiques ; car peut-être a-t-il été en défaut sous ce rapport.

D’après l’art. 224 de la constitution, on voit que dans le système adopté en 1816, le grand juge qu’elle créa et le secrétaire d’État des finances et même tous autres qui auraient pu être nommés par la suite, étaient « les orateurs chargés de porter la parole, au nom du pouvoir exécutif, devant le sénat et la chambre des représentans des communes. » La constitution établissait donc le régime parlementaire, pour introduire la discussion pu-

    et ce dernier, en cas de vacance, était nommé par le sénat. Donc, ils étaient tous des Représentais de la Nation, à des degrés différens. Le Président d’Haïti l’était bien certainement, il personnifiait la Nation, à l’égard des puissances étrangères avec lesquelles il faisait des traités : pouvait-on prétendre alors qu’il ne le fût pas aussi à l’intérieur, quand la constitution lui déférait la direction de la société ?