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constitution fut-elle accueillie partout avec la plus grande satisfaction[1].

Peu de jours après, deux navires de guerre français atteignaient les attérages d’Haïti : la frégate la Flore et le brig le Railleur. Ils avaient à leur bord des commissaires nommés cette fois par une ordonnance de Louis XVIII, en date du 24 juillet et contre-signée par le comte Dubouchage, ministre de la marine et des colonies.

Ces commissaires étaient : le vicomte de Fontanges, lieutenant général, et le conseiller d’État Esmangart. Un troisième avait été nommé, — le capitaine de vaisseau Du Petit-Thouars ; mais il mourut en mer, peu après le départ des navires de Brest. Il y avait de plus deux commissaires-suppléans : le colonel Jouette, et Cotelle Laboulaterie, procureur du roi à un tribunal civil de France. Le sieur Laujon était secrétaire général de cette commission[2].

Tous les membres qui la formaient étaient d’anciens colons de Saint-Domingue ; mais, comme on les chargeait de séduire les Haïtiens, on leur adjoignit quelques autres hommes dans ce but. C’étaient : Hercule Dominge, un Noir né à la Martinique, chef d’escadron en retraite ;

  1. Le 20 septembre, le général Marion prononça un discours à l’occasion de la publication de cet acte aux Cayes ; il dit : « qu’il offrait aux citoyens une juste distribution entre les pouvoirs constitués de l’État, pour leur éviter ces chocs dangereux qui menacent toujours le corps social, lorsqu’on s’écarte de l’équilibre des pouvoirs, etc. »

    Ainsi, le souvenir de la lutte entre le Sénat et Pétion contribua beaucoup a l’établissement de la Chambre des représentans ; mais personne ne sembla en prévoir une entre cette chambre et le Président d’Haïti.

  2. En 1805 et 1814, M. Laujon avait publié des brochures où il proposait des plans de conquête contre Haïti. Secrétaire de la commission, il était bien placé pour convaincre les Haïtiens de la nécessité de se soumettre à la France. Mais, de même que Dravermann, il fut converti à d’autres idées : l’année suivante, il revint avec des marchandises et finit par se faire une assez belle fortune dans son commerce.