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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/326

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quelques jours que Pétion engageait le général Borgella à passer encore à la capitale, et qui sembleraient prêter à l’induction générale du temps ; car ces paroles ne nous semblent, à nous, que la suite des témoignages d’amitié qu’il lui avait donnés. Elles pourraient tout au plus faire supposer que Pétion avait, dès le premier jour, le pressentiment de sa mort dans cette dernière maladie, attendu que depuis environ dix-huit mois, il était constamment malade. Cette opinion est corroborée par l’assertion du général Inginac, qui prétend que 40 jours avant sa mort, Pétion lui aurait parlé de sa fin prochaine [1].

Ce ne serait certainement pas la première fois qu’un homme aura eu un tel avertissement intime du terme de son existence. On ne peut expliquer le pressentiment, et il est vrai qu’il se produit souvent. Mais, tout fait croire que la mort de Pétion aura été occasionnée par ces maladies récidivées, qui auront prédisposé ses organes à être plus facilement sous l’influence de l’épidémie qui régnait au Port-au-Prince. Chef de l’État, il était homme et soumis comme tous autres à cette pernicieuse épidémie.

Ce ne fut que le 26 mars au soir, que son état commença à donner des inquiétudes, d’après la lettre suivante adressée par le général Boyer, au général Lys : il en écrivit deux autres, peut-être semblables, aux généraux Borgella et Francisque qui étaient sans emploi dans le Sud, de même que Lys[2].

Port-au-Prince, le 27 mars 1818, a 11 heures ½ du soir.
Boyer, général de division, commandant

la garde du gouvernement et l’arrondissement du Port-au-Prince,

Au général Lys, sur ses terres au Petit-Trou.

  1. Dans ses Mémoires de 1843, p. 32 et 33.
  2. Je produis cette lettre d’après l’original que j’ai sous les yeux.