Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/390

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qui feront leur devoir, qu’il le sera à censurer ceux qui montreraient de la négligence. »

Nous nous bornons pour le moment à ces seules remarques, car nous trouverons d’autres occasions d’en faire de nouvelles.

À la fin de novembre, un fait horrible eut lieu au Port-au-Prince : un fils donna la mort à sa mère en l’éventrant avec une fureur épouvantable, et voici dans quelles circonstances.

En 1817, Pétion avait témoigné le désir (nous croyons que ce fut au célèbre Wilberforce) de voir venir à Haïti, des professeurs anglais pour appliquer la méthode lancastérienne à l’enseignement primaire de la jeunesse, et deux ministres de la secte méthodiste de John Wesley étaient arrivés au Port-au-Prince, avec autant de ferveur pour propager leur culte, que de zèle pour l’objet qui les y amenait. Ils avaient promis de former de jeunes sujets à cette méthode d’enseignement mutuel, et ils établirent une école ; mais prêchant en même temps, ils endoctrinèrent au méthodisme plusieurs individus. Parmi ces derniers, il se trouva un jeune homme d’une famille du Bel-Air, qui embrassa ce culte avec une grande exaltation : en vain sa mère, catholique, s’efforça de l’en détourner. Irrité des reproches journaliers qu’elle lui faisait à ce sujet, dans la nuit, il s’abandonna à une tentative exécrable ; et voyant qu’elle y résistait avec colère, il prit un couteau qu’il plongea dans les entrailles qui l’avaient porté, en le tournant dans tous les sens. Aux cris de la malheureuse mère, on accourut et l’on arrêta son meurtrier qui fut livré au jugement du tribunal criminel. Quoiqu’il fût encore jeune et qu’il y eût lieu peut-être de