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croire qu’il avait agi sous l’empire d’une exaltation religieuse poussée jusqu’à la démence, le tribunal le condamna à la peine de mort. Ses parens firent des démarches auprès du président pour obtenir une commutation de peine ; mais il n’y consentit pas, et le condamné fut exécuté[1].

Le président n’aurait pu céder à un sentiment de commisération, sans irriter profondément l’indignation populaire qui fut telle au moment de ce crime, qu’une multitude immense se porta à l’école tenue par les méthodistes anglais et l’assaillit à coups de pierres, voulant même mettre à mort les deux professeurs. Ils furent protégés par la police et par les autorités ; mais ils quittèrent Haïti peu après.

De cette époque date l’introduction dans le pays du culte Wesleyen ; car il y resta d’autres adeptes, et plus tard de nouveaux ministres y vinrent prêcher leur doctrine en établissant des écoles gratuites : le gouvernement ne s’y opposa point, et la conduite morale de ces ministres, à l’encontre de celle de bien des prêtres catholiques, contribua à l’extension du méthodisme.

Tandis que des catholiques apostasiaient au Port-au-Prince, les officiers et soldats des différens régimens, chaque corps séparément, les propriétaires et cultivateurs de la plaine et des montagnes, même les pauvres infirmes, se cotisèrent dans leurs classes, pour faire chanter successivement, à l’église de cette ville, des services funèbres en mémoire de Pétion. L’abbé Gaspard

  1. Ce malheureux ne fut pas la seule victime de l’apostasie : une sœur de David-Troy, déjà d’une grande dévotion au culte catholique, devint folle pour avoir passé au méthodisme. À cette époque, des mesures de police furent prises pour interdire les réunions des sectaires ; mais elles ne firent que les fortifier dans leur foi nouvelle.