Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/427

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miner s’il y avait opportunité pour mettre ces idées à exécution.

Il faut le dire ici, pour expliquer les causes de ce que le lecteur verra plus tard. Depuis quelque temps, l’esprit public, au Port-au-Prince, était travaillé par certains citoyens qui se croyaient appelés à exercer une influence sur les affaires de l’État. Par divers motifs, ces hommes n’avaient jamais agréé le général Boyer et l’agréaient moins encore, après son avènement à la présidence. Si Pétion avait continué d’avoir des opposans à son administration, malgré les grands résultats de sa politique gouvernementale qui avait procuré le repos à la République, même en dépit de la guerre civile subsistante, comment aurait-il été possible que Boyer n’en eût point, lorsqu’on pouvait se rappeler que dans les derniers temps de son prédécesseur, lui-même critiquait publiquement les actes qu’il n’approuvait pas ? Maintenant, c’était à son tour de faire cette épreuve ; car l’oppositions à tout gouvernement est une chose délicieuse pour certains esprits ; elle est même naturelle et en raison directe de la liberté dont on jouit, des succès même du gouvernement : plus il en obtient et plus il garantit la situation du pays, la sécurité des personnes et des propriétés, plus aussi on attend de lui le mieux vers lequel les hommes gravitent toujours.

Nous nous bornons, pour le moment, à constater ce qui fut, sans citer aucun nom propre, — ce qui serait prématuré de notre part[1].

Toutefois, si le président n’adopta pas les vues exposées dans le mémoire des commerçans, on vient de re-

  1. Ce que nous disons dans ce paragraphe explique sous certains rapports, ce que nous avons signalé plus avant de la part de Félix Darfour, Nouveau venu dans le pays, entendant les discours de bien des gens contre Boyer, il oublia promptement l’accueil et les faveurs qu’il en avait reçus, et se crut appelé à jouer un rôle important.