Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/79

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vage. Vous pouvez déclarer, Monsieur, comme vous êtes maintenant autorisé à le faire, que S. M. recevra avec plaisir dans ses ports tous les bâtimens marchands qui arriveront de France. Les négocians seront protégés et traités comme les sujets des autres puissances alliées, qui commercent paisiblement avec Haïti, pourvu seulement qu’ils aient soin de se conformer aux lois du royaume. Vous pouvez donner cette assurance aux commerçans français, et même la publier dans vos journaux. La France vient de prendre une nouvelle face. S. M. espère y trouver un gouvernement juste et philanthropique,… et elle se flatte de trouver des sentimens humains dans un Prince instruit par l’adversité. L’état d’incertitude où nous sommes, relativement aux mesures du nouveau Souverain de la France à notre égard, nous empêche de pouvoir prendre aucune résolution définitive, comme vous nous y invitez, avant d’être positivement informés de ses intentions. C’est à vous, Monsieur, qui, avec tant d’attachement et de fidélité, avez constamment défendu les intérêts de cet infortuné monarque ; c’est à vous qui êtes attaché à la cause du roi Henry, et qui connaissez cette île, à préparer une négociation entre les deux puissances[1]. Vous ne pouvez douter que S. M. écoute les propositions justes et raisonnables qu’on pourra lui faire, et qu’elle s’empresse de nommer un homme sûr, pour régler ses intérêts et ceux de son royaume[2]. »

  1. Peltier, émigré, publiait depuis longtemps a Londres un journal intitulé l’Ambigu  ; il y défendait la cause des Bourbons contre Napoléon et la France révolutionnaire. Dès 1807, Christophe lui envoyait de l’argent, dont il avait toujours besoin, pour qu’il prônât son gouvernement à l’exclusion de celui de Pétion. Il inséra la lettre de Prévost dans l’Ambigu  : Placide Justin la cite tout entière, p. 468.
  2. Les propositions justes et raisonnables dont il s’agit, consistaient à offrir à la France,