Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/380

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» Recevez, je vous prie, Monsieur le baron, l’assurance nouvelle de ma haute considération.

« Signé : B. Inginac. »

Le premier article de la note de M. de Mackau reposait sur ce fait : — que le gouvernement français ayant appris que lors de la mission de MM. Larose et Rouanez, des capitalistes anglais avaient offert au gouvernement haïtien de se charger du payement de l’indemnité qui serait convenue entre Haïti et la France, au moyen d’un emprunt qu’il ferait contracter en Angleterre, les ministres de S. M. T. C. voulurent s’opposer à ce contrat. Cette opposition, on le reconnaît bien, n’avait pas seulement pour motif la jalousie séculaire entre la France et l’Angleterre ; mais du moment qu’en France on savait qu’Haïti serait forcée de contracter un emprunt à l’étranger pour payer l’indemnité, on voulut qu’il se fit en France même, afin que si, par la suite, il survenait des difficultés entre les prêteurs et le gouvernement haïtien, le gouvernement français pût intervenir dans l’intérêt des premiers. Par là, il se ménageait une nouvelle action, une nouvelle influence sur les affaires d’Haïti, tandis que, si l’emprunt se contractait en Angleterre, ce serait le gouvernement britannique qui, au besoin, interviendrait pour les prêteurs de sa nation, et dans certaines éventualités, prendrait indirectement intérêt à la conservation de l’indépendance d’Haïti, par rapport à ses nationaux[1]. Sur ce point, la réponse du secrétaire général est empreinte d’embarras : on se voyait en quelque sorte obligé de céder au désir du ministère français, et on se réserva la faculté d’accorder une

  1. « M. de Villèle attachait une grande importance politique à empêcher cette immixtion… » — M. Lepelletier de Saint-Rémy, t. 2, p. 117.