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annuellement le compte rendu (les comptes généraux des recettes et des dépenses) par le secrétaire d’État, qui lui est transmis par le Président d’Haïti ; de le débattre, de l’arrêter et d’en ordonner la publicité. »

D’un autre côté, en signalant ce qui concernait les bons ou mandats du trésor, c’était blâmer les opérations de la haute administration qui ne remédiait pas à cet état de choses ; et dans le passage cité, on reconnaît encore certaine affinité d’idées avec celles émises dans les Remontrances du sénat, du 28 juillet 1808, produites dans notre précédent volume. Comme le sénat, la chambre se montrait déjà préoccupée du sort de l’armée, des moyens de l’entretenir, en invoquant la constitution. Comment interpréter cette préoccupation, sinon par le besoin senti d’exercer une influence légitime dans les affaires publiques ? Cependant, le citoyen qui prononça ce discours était connu pour être très-attaché, très-dévoué à Pétion[1]. S’il ne craignit pas d’exprimer des idées qui rapprochaient son discours des doléances du sénat, dans la partie la plus importante de toute administration et qui fut toujours l’objet des plus grands reproches faits à celle du président ; de manifester l’intention de poser la chambre des représentans, aux yeux de l’armée, comme sa protectrice naturelle, — c’est qu’il subissait lui-même l’influence de la nature des choses, qui porte un tel corps délibérant à la critique des actes du pouvoir exécutif, et par suite à lui faire une opposition plus ou moins vive, selon le cas.

Or, à cette époque, les fonctionnaires et employés pu-

  1. Ce sentiment d’attachement à Pétion, de son vivant, à sa mémoire depuis sa mort, a toujours distingué Pierre André parmi ses concitoyens, et c’est faire son éloge que de le reconnaître ici.