de rire ; la comédie commença et je perdais l’espérance de parler à Sylvie, lorsque le sort me donna le moyen de la voir chez elle.
Il y avait long-temps que je cherchais un prétexte pour aller chez sa mère. Elle se trouvait un jour incommodée d’un mal de dents dont elle se plaignait fort. Je m’avisai de faire le médecin ; je lui dis que j’avais un opiat excellent ; que, si elle voulait le permettre, je lui en porterais chez elle, en sortant de la comédie, et lui apprendrais comment il s’en fallait servir. Elle me remercia beaucoup sur l’assurance de la parfaite guérison que je lui promis ; j’étais dans une joie sans égale d’avoir trouvé le moyen de voir Sylvie chez sa mère ; il ne restait que l’embarras de l’opiat. Non seulement je n’avais point ce miraculeux remède, j’en ignorais même jusqu’au nom. J’allai chez le premier apothicaire ; il me donna un onguent qu’il honora d’un nom barbare, et je portai cette drogue chez la mère de Sylvie ; je lui dis d’en appliquer sur la dent et sur la gencive. Je lui racontai mille cures admirables que j’avais vues ; elle me crut, et un quart d’heure après, soit le remède, soit la nature, soit que l’amour qui voulait me favoriser, fit un miracle en ma faveur, elle se trouva