point de haine pour vous, me dit Sylvie ; je puis vous répondre de mon cœur : quant aux autres sentimens que vous voulez m’inspirer, consultez ma mère qui vient ; elle entra en effet dans ce moment, et nous fûmes obligés de changer de conversation.
Depuis ce temps-là, je commençai à parler plus aisément à Sylvie ; il se passait peu de jours que je ne lui dise quelque chose qui lui marquait la situation de mon cœur. Elle m’a avoué depuis qu’elle m’aimait dès-lors, mais qu’elle faisait ce qu’elle pouvait pour étouffer une passion, qu’elle regardait comme une chose qui ne pouvait que lui être nuisible. Je ne laissai pas d’être encore long-temps sans savoir que j’étais payé du moindre retour. Enfin, je vis l’heureux moment où je devais apprendre que je n’étais point haï ; je le dus à la pitié plutôt qu’à l’amour.
La situation de mon cœur avait influé sur mon esprit ; j’étais tombé dans une mélancolie affreuse. Un jour que j’étais chez elle ; qu’avez-vous, me dit-elle ? Vous n’êtes plus le même depuis deux mois ; votre gaîté s’est changée en tristesse ; il semble que tout vous afflige. Belle Sylvie, lui dis-je, quand on est aussi malheureux que je le suis, on ne trouve de