Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/190

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salua nos vaisseaux de vingt-un coups de canon, que nous rendîmes coup pour coup.

    Frédéric ; il en mangeait avec excès dans sa dernière maladie ; on en cultivait dans les serres de ses jardins. Les raisins du royaume d’Alger sont remarquables par leur grosseur. On fabrique des tapis superbes à Alger, ainsi que des maroquins et des velours. C’était autrefois une république gouvernée par un régent, sous la protection du Grand-Seigneur ; mais le pacha ou vice-roi qui était à la tête de cette régence, s’est rendu indépendant sous le nom de dey. Les Algériens sont mahométans ; leur langue est un dialecte de l’arabe ; il y a aussi un jargon composé d’italien, de français et d’espagnol que l’on nomme la langue franque. Les habitans sont forts, robustes, nerveux ; ils haïssent les Européens et font le métier de pirates ; ils courent sur les vaisseaux de toutes les puissances chrétiennes qui n’ont point de traité avec eux et qui ne leur paient point de subsides ; ils font esclaves les équipages ; mais les Français ont su s’exempter de cette servitude honteuse. Ces pirateries d’Alger lui ont attiré des guerres. Barberousse Aruch prit la ville en 1516. Charles-Quint l’assiégea inutilement en 1541 ; les Anglais brûlèrent ses vaisseaux en 1655 et 1670. Les Français la bombardèrent en 1682 et 1683. Les pères de la Mercy s’y rendaient autrefois pour y racheter les esclaves chrétiens de toute nation ; cette institution estimable n’existe plus. Le port d’Alger, est superbe ; la ville est bien bâtie, contient environ 100 mille habitans ; on y compte 15,00 maisons.