Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/30

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pectée, parce qu’elle fait honneur à la franchise de votre ame. Mais, mon ami, je suis aujourd’hui contraint de vous entretenir de nouveau de cet homme ; votre propre intérêt et mon amitié pour vous m’en font un devoir. Je viens vous convaincre que vous êtes la dupe d’un ingrat et d’un monstre qui ne sait que répandre du venin. Lisez cette épigramme un de mes correspondans vient de m’en adresser une copie qu’il tient de celui à qui Rousseau l’a envoyée. Elle est peu connue encore, parce que Rousseau craint qu’on ne le devine, et recommande la plus grande discrétion. Je viens de répondre à mon correspondant, homme d’ailleurs dont je suis sûr comme de moi-même, de ne négliger aucune des mesures qu’il est à portée de prendre pour faire supprimer cette abominable épigramme, ou au moins pour la rendre aussi odieuse aux yeux du public, qu’elle le sera toujours aux yeux de ceux qui vous connaissent. »

Le marquis fut d’abord dupe de cette fourberie ; il remercia sincèrement Voltaire, et déclama contre Rousseau ; il jura qu’il se vengerait, et qu’il ferait en réponse, non de petites épigrammes ; mais un ouvrage qui serait