Page:Aristide Briand-La Grève générale et la Révolution-1932.djvu/23

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Ce n’est donc pas par dilettantisme, encore moins par amour, de la violence, que notre parti est et doit rester révolutionnaire, mais par nécessité, en quelque sorte par destination. Il se trouverait considérablement amoindri, son action perdrait beaucoup de son efficacité, s’il n’avait pas toujours entre les mains un levier puissant pour faire sur la Société capitaliste les pesées nécessaires.

Non, citoyens, la seule force de la persuasion, même unie à celle des circonstances, ne peut suffire à dicter les lois à la classe bourgeoise. Et, du reste, ces lois, une fois faites, a-t-on la garantie qu’elles seront appliquées si la sanction ne réside pas dans la force révolutionnaire permanente et continue, du prolétariat organisé ? Le décret de 1848 sur le marchandage et toutes les lois de protection ouvrière, est-ce que le patronat ne les a pas facilement éludés ?

Or, il faut bien en convenir, le mot révolution, évocateur des vieux modes de révolte, n’a plus le don d’émouvoir nos adversaires de classe. Contre une éventualité de ce genre, ils ont pris tant précautions que leur sécurité paraît désormais assurée.

Il en va tout différemment d’une menace de Grève générale. La Grève générale, pour la Société capitaliste, c’est l’inconnu, toujours redoutable, l’adversaire mystérieux, dont la force doit être présumée d’autant plus grande, plus irrésistible, qu’on n’a pas eu encore l’occasion de la mesurer. (Applaudissements.)

Ses inquiétudes à cet égard, la bourgeoisie n’a même pas essayé de les dissimuler. Tout de suite, elles se sont traduites en efforts pour rendre impossible une telle éventualité.

L’organisation de la grève générale n’avait pas plutôt été votée par les Congrès ouvriers, que le Parlement était saisi des projets de loi tendant à supprimer à une notable portion du prolétariat, le droit de coalition.

Quand on sait la facilité, la promptitude avec lesquelles, lorsqu’il s’agit de la défense de leurs intérêts, nos adver-