Page:Aristide Briand-La Grève générale et la Révolution-1932.djvu/24

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saires violent les principes les mieux établis, les garanties les plus essentielles de la démocratie, on a le droit de se demander pourquoi les propositions de MM. Merlin, Cordelet et Trarieux ont été indéfiniment ajournées ?

La réponse est bien simple :

Les Chambres n’ont pas porté la main sur le droit de coalition, parce que, en présence de menaces de grève générale qui s’élevaient de tous les syndicats, elles ont craint de provoquer, par un tel défi au prolétariat, l’événement redouté que les projets de loi en question avaient précisément pour but de rendre réalisable.

J’ai donc le droit de proclamer : Si, à la veille de commettre cette infamie suprême, la bourgeoisie s’est ainsi accordé des délais, c’est qu’elle s’était cru obligée de transiger avec la peur. (Applaudissements.)

Un tel résultat ne vaut-il pas qu’on en tienne compte ? Et pense-t-on que, pour l’obtenir, il eût suffi d’agiter le vieux spectre révolutionnaire ?

Du reste, le Parti ouvrier français lui-même, avait si bien compris, il avait si fortement senti la nécessité d’opposer à la société capitaliste une action révolutionnaire plus conforme, mieux adaptée aux exigences de l’évolution, qu’il fut des premiers à se rallier avec enthousiasme à l’idée de la manifestation prolétarienne du Premier Mai.

Pourtant, que fut, en réalité, le Premier Mai, sinon un premier essai de mobilisation, une véritable tentative de grève générale ? Et pourquoi les organisations socialistes quand leur vint l’idée d’adresser au régime bourgeois une sommation définitive, furent-elles unanimes à recourir à ce moyen, si son efficacité leur paraissait douteuse ?

Quand on se rappelle l’énorme effet d’intimidation que produisit sur nos adversaires la seule annonce de cette manifestation formidable, on a le droit de supposer que le