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Page:Aristide Briand-La Grève générale et la Révolution-1932.djvu/26

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sur l’orientation du prolétariat une influence des plus heureuses. En indiquant aux travailleurs un but d’organisation, en leur offrant un moyen d’émancipation à l’efficacité duquel ils croient fermement, elle a puissamment contribué à donner à l’action syndicale plus de confiance et de méthode.

C’est à cette influence qu’il faut attribuer l’esprit de tactique assurément nouveau qui porte le prolétariat à renoncer de plus en plus aux efforts partiels, désordonnés, où s’épuisaient autrefois tant d’énergie et de confiance, pour recourir à ces grands mouvements d’ensemble auxquels prennent part des travailleurs de régions entières, véritables grèves sociales qui troublent la quiétude capitaliste et contraignent les gouvernements bourgeois à prendre, au mépris de leurs principes, une part de responsabilité dans le réglement des conflits économiques. (Applaudissements.)

Je m’arrête, citoyens, — et je vous prie de m’excuser d’avoir retenu si longtemps votre bienveillante attention ; — je termine en répondant à une dernière objection.

On m’a fait observer souvent que la propagande en faveur de la grève générale présentait un grave danger en ce que les travailleurs, quand ils se croiront suffisamment organisés, pourraient bien ne pas résister au désir d’expérimenter la tactique nouvelle et cela même à contretemps, dans des circonstances défavorables.

Je répondrai qu’une pareille tentative, si les circonstances ne s’y prêtaient pas, avorterait simplement et dès le début La grève, ainsi engagée par une ou plusieurs corporations, ne se généraliserait pas, voilà tout. Il n’en résulterait que les inconvénients inhérents à tout avortement de grève.