Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/135

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femmes, nous leur enseignons la débauche et nous développons en elles le germe de ces complots. Nous allons dans les boutiques dire des choses comme celle-ci : « Orfèvre, le collier que tu as monté pour ma femme, hier soir qu’elle dansait, le gland du fermoir est tombé. Moi, il faut que je vogue vers Salamis ; toi, si tu as le temps, use de ton art, afin d’aller ce soir lui rajuster ce gland. » Un autre, s’adressant à un cordonnier jeune et pourvu d’un engin sérieux : « Cordonnier, dit-il, la courroie blesse le petit doigt du pied de ma femme, qu’elle a très sensible : viens vers midi l’élargir de manière à ce qu’il prête plus largement. » Or, voici ce qui résulte de tout ceci : moi, Proboulos, quand j’ai levé des rameurs, et que, alors, j’ai besoin d’argent, les femmes me ferment la porte au nez. Mais que sert de rester planté là ? Qu’on m’apporte des leviers, afin que je châtie leur insolence. Qu’as-tu, malheureux, à rester bouche béante ? Et toi, de quel côté regardes-tu ? Tu laisses tout, pour avoir l’œil vers le cabaret ? Allons ! glissez des leviers sous les portes, et faites-les sauter ! Moi-même je vais soulever les leviers avec vous.




LYSISTRATA.

Ne faites rien sauter avec vos leviers. Me voici moi-même. Qu’est-il besoin de leviers ? Ce ne sont pas des leviers qu’il vous faut, mais du bon sens.

LE PROBOULOS.

Vraiment, scélérate ? Où est l’archer ? Saisis cette femme et attache-lui les mains au dos.