Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/70

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lokratès le Strouthien, il recevra un talent ; s’il l’amène vif, il en aura quatre ; car c’est lui qui, faisant des paquets de pinsons, en vend sept pour une obole ; puis il souffle les grives, les étale et les torture ; aux merles, il passe des plumes dans les narines ; il rassemble des pigeons et les tient clos, puis il les contraint à servir d’appelants, enfermés dans le filet. » Voilà le décret que nous voulons publier ; et si quelqu’un de vous nourrit des oiseaux captifs dans sa cour, nous lui disons de leur donner la volée. Si vous n’obéissez pas, saisis par les oiseaux, enchaînés aussitôt, vous servirez d’appelants.

Heureuse la gent ailée ! L’hiver, ils ne s’enveloppent point de lænas ; l’été, le rayon lumineux ne nous accable pas d’une chaleur suffocante. Mais c’est dans des prés fleuris que j’habite, au sein des feuillages, lorsque la divine cigale, folle de soleil, émet son chant strident à la chaleur de midi : j’hiverne dans les antres creux, jouant avec les nymphes des montagnes ; au printemps, nous paissons le myrte virginal, aux baies blanches, et les fruits du jardin des Kharites.

Aux juges nous voulons dire un mot sur la victoire : nos biens, s’ils nous l’accordent, nous les leur donnerons à tous, présents plus précieux que ceux qui furent offerts à Alexandros. Et d’abord, chose que tout juge souhaite le plus, les chouettes ne vous manqueront jamais, celles du Laurion : elles logeront chez vous, elles nicheront dans vos bourses, et pondront de la petite monnaie. En outre, vous habiterez comme dans des temples, vu que nous élèverons le faîte de vos maisons en forme d’aigle. Si vous exercez une modeste magistrature, et si vous voulez y rapiner quelque chose, nous donnerons à vos mains les serres de l’épervier. Si vous dînez quelque part, nous