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Page:Aristophane - Lysistrata (trad. Raoul Vèze), 1928.djvu/64

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LE MAGISTRAT

Est-ce possible ? Tu me mets en rage avec tes insanités.

UNE FEMME

Prends garde, tu n’as pas tout vu.

LE MAGISTRAT

As-tu fini de coasser, la petite vieille ? Gare à ta tête. Mais toi, Lysistrata, explique…

LYSISTRATA

Voilà. Pendant toute la dernière guerre, nous sommes restées bien tranquilles, laissant faire nos hommes. Vous ne nous permettiez pas d’ailleurs de dire un mot. Non pas que ce silence nous fût agréable, nous savions bien ce qu’il en était. Nous entendions tenir de déplorables palabres sur de graves affaires. Mais nous dissimulions notre douleur ; et, bien qu’irritées, c’est avec un sourire que nous vous demandions : « Dans le conseil d’aujourd’hui, qu’avez-vous décidé d’inscrire sur les colonnes ? avez-vous voté la paix ? — De quoi t’occupes-tu ? répondait mon mari, tais-toi. » — Et je me taisais.

UNE FEMME

Moi, je ne me serais pas tue.