répliques-tu à cela ? Prends garde seulement à ne pas te laisser maîtriser par la colère et à ne pas t’emporter au delà du but, car il t’a dit des choses piquantes. Ô brave athlète, n’écoute pas les mouvements de ton courroux, mais replie les voiles : que le vent n’en frappe que les extrémités ; dirige de plus en plus ton vaisseau, et observe le moment où tu sentiras un vent frais et doux. Mais, ô toi, qui, le premier des Grecs, as porté la pompe des expressions à son comble et as donné à la tragédie un air plus distingué, quitte le port avec confiance.
Je suis furieux d’un tel conflit. Je sens la bile bouillonner dans mon sein, à la pensée qu’il me faut lutter avec un tel adversaire. Qu’il ne se vante cependant pas de m’avoir désarmé. Allons ! réponds-moi, que doit-on le plus admirer dans un poète ?
Sa prudence et son art de rendre les hommes meilleurs.
Or, si tu n’as point atteint ce but, et si d’honnêtes et loyaux tu les as rendus lâches, quel supplice conviendras-tu que tu mérites ?
La mort. Je réponds pour lui.
Vois donc quels hommes il a reçus, formés par mes mains. C’étaient des gens vigoureux et de quatre coudées, ne refusant aucun emploi public ; ce n’étaient pas des scélérats, des fourbes et des charlatans comme aujourd’hui ; ils ne soupiraient qu’après la hache, les lances,