Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/60

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plus de nous faire entendre les sons harmonieux de ton timbre éclatant : chante-nous ces anapestes sur des airs dont les bois retentissent au printemns.

(On entend le son d'une flûte.)

(PARABASE.)

vous, pauvres humains, qui passez votre vie dans les ténèbres, frêles comme la feuille des bois, faibles créa- tures pétries de boue, ombres légères, qui rampez sur la terre oii vous restez si peu de temps, malheureux mortels dont la vie n'est qu'un songe, écoutez-nous : nous sommes des êtres immortels, aériens, exempts de vieillesse, médi- tant sur des sujets éternels; nous vous apprendrons à connaître le ciel, la nature des oiseaux, l'origine des dieux et des fleurs, de l'Érèbe et du Chaos; grâce à nous, vous pourrez désormais vous moquer de la science de Prodicus.

A l'origine il n'y avait que le Chaos, la Nuit, le sombre Érèbe et le vaste Tartare; la Terre, l'Air, le Ciel n'exis- taient pas. Au plus profond de l'Érèbe, la Nuit aux ailes noires enfanta, sans avoir été fécondée, un œuf, duquel, au terme fixé, sortit l'Amour, le gracieux Éros, aux bril- lantes ailes d'or, rapides comme les vents d'orage. Dans les sombres abîmes du Tartare, il s'unit au Chaos, ailé comme lui, et engendra la race des oiseaux, la première de toutes. Celle des dieux n'existait pas, avant que l'A- mour eût tout mêlé. Mais quand tout se fut confondu, alors apparurent le Ciel, l'Océan, la Terre et la race des Immortels. Ainsi notre origine est bien plus antique que celle des dieux. Mille preuves attestent que nous sommes nés de l'Amour; comme lui, nous avons des ailes et nous favorisons les amants. Que de beaux garçons qui avaient

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