Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/270

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sible qu’elle le soit jamais : ainsi la blancheur qui est dans un sujet, dans un corps, est attribuée au sujet ; car on dit d’un corps qu’il est blanc ; mais quant à la définition de la blancheur, elle ne sera jamais attribuée à ce corps.

§ 5[1]. Toutes les choses autres que les substances se disent des substances premières prises comme sujets, ou bien elles sont dans ces substances qui leur servent de sujets. Ceci est évident si l’on examine chacun des exemples cités. Par exemple, animal se dit en parlant de l’homme : par conséquence, on l’attribuera à un homme quelconque ; car, si l’on ne pouvait l’attribuer spécialement à aucun homme, on ne le dirait pas davantage de l’homme en général. Autre exemple : la couleur est dans le corps, donc elle doit être aussi dans un corps quelconque ; car si elle ne pouvait être dans aucun des corps particuliers, elle ne serait pas du tout dans le corps. Il en faut conclure que toutes les choses autres que les substances premières, ou se disent de ces substances prises comme sujets, ou bien sont dans ces substances, qui leur servent de sujets. Si donc il n’y avait pas de substances premières, les autres non plus ne sauraient exister.

§ 6[2]. Parmi les substances secondes, l’espèce est plus substance que le genre ; car elle est plus rapprochée de

  1. § 5. Toutes les choses autres que les substances, C’est-à-dire les accidents et même les substances secondes. — Se disent des substances premières prises comme sujets, D’attribution. — Ou bien elles sont dans ces substances qui leur servent de sujets, D’inhérence, pour les accidents. — Si donc il n’y avait pas de substances premières, On voit ici combien est profonde la différence des doctrines de Platon et d’Aristote. Pour Aristote l’essence est dans les individus, pour Platon elle n’est que dans les Idées distinctes et séparées des individus.
  2. § 6. Ce que c’est que la substance