Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/271

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la substance première. Si l’on veut, en effet, faire comprendre ce que c’est que la substance première, on s’expliquera d’une manière plus claire et plus propre en prenant l’espèce plutôt que le genre. Par exemple, si l’on veut définir un homme, on se fera plus comprendre en prenant l’espèce homme qu’en prenant le genre animal. L’une est, en effet, plus rapprochée d’un homme quelconque ; l’autre, au contraire, est plus générale. Si l’on veut définir un arbre, on se fera mieux comprendre en prenant l’espèce arbre qu’en prenant le genre végétal. § 7[1]. D’un autre côté, si les substances premières sont plus spécialement appelées substances, c’est parce qu’elles sont le sujet de toutes les autres choses, et que toutes les autres choses ou sont attribuées à elles ou sont en elles. Le rapport des substances premières à toutes les autres est précisément celui de l’espèce au genre ; car les genres sont attribués aux espèces ; mais les espèces ne sont pas attribuées réciproquement aux genres : ainsi l’espèce sert de fondement au genre. On peut donc aussi conclure que l’espèce est plus substance que le genre. § 8[2]. Quant à toutes les espèces qui ne sont pas genres, elles ne sont point, comparativement entre elles, plus substances les unes que les autres ; car on ne se fera pas mieux comprendre en définissant l’homme pour définir un homme, qu’en définissant le cheval pour définir un cheval.

§ 9. Et de même encore, pour les substances pre-

    première, Un individu quelconque pris comme exemple.

  1. § 7. Sont attribuées à elles ou sont en elles, C’est la doctrine du § 5 répétée ici.
  2. § 8. Les espèces qui ne sont pas genres, Les espèces spécialissimes, Voir l’Introd. de Porphyre, ch. 2, § 27, sur les espèces qui n’ont que les individus au-dessous d’elles.