Page:Aristote - Histoire des animaux - traduction Jules Barthélemy Saint-Hilaire.djvu/95

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premier en Grèce, avait imaginé une bibliothèque. Voir les objets les plus instructifs, ce n’est pas tout ; il faut les comprendre. Quel usage un ignorant ferait-il des richesses accumulées dans nos Musées, mises à sa disposition ? Il pourrait les admirer ; mais il lui serait interdit de s’en servir, quand même elles resteraient sous ses yeux plus longtemps que n’ont pu rester sous les yeux d’Aristote les envois présumés d’Alexandre. Il faut donc laisser la tradition pour ce qu’elle est, et tenter une explication différente.

Il n’y en a qu’une de plausible, sans que d’ailleurs celle-là même soit complète : c’est le génie d’Aristote, qui nous a en quelque sorte accoutumés à ces complètes inattendues de la science, plus étonnantes encore que les conquêtes de son belliqueux élève. L’histoire naturelle n’est pas la seule surprise de ce genre. Peut-on oublier qu’à côté d’elle, Aristote a créé une foule d’autres sciences, non moins difficiles à définir et à constituer, soit naturelles, soit morales ou psychologiques ? La zoologie ne fait pas exception ; et ce qui doit nous étonner, ce n’est pas qu’Aristote l’ait fondée, mais que son génie ait été si fécond, et, dans la plupart de ces grands