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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1016

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qui est le bien suprême.

§ 23. Je ne nie pas que ce raisonnement n’ait du vrai. Mais la science, l’art politique dont il est ici question, ne regarde pas à ce bien là ; elle ne recherche, je le répète, que le bien relatif à nous. Comme aucune science, aucun art ne dit du but qu’il poursuit que ce but soit bon, la politique ne le dit pas davantage du sien ; aussi ne disserte-t-elle pas sur le bien qui ne se rapporte qu’à l’Idée.

§ 24. Mais peut-être dira-t-on qu’il est possible de partir de ce bien idéal comme d’un principe solide, et de traiter ensuite de chaque bien particulier. Je désapprouve même encore cette méthode, parce qu’il ne faut jamais prendre que des principes propres au sujet qu’on étudie. Et par exemple, il serait absurde pour démontrer qu’un triangle a ses trois angles égaux à deux droits, de partir de ce principe que l’âme est immortelle. Ce principe n’a rien à faire en géométrie, et un principe doit toujours être propre et enchaîné au sujet ; et dans l’exemple que je viens de prendre, on peut fort bien démontrer qu’un triangle a ses trois angles égaux à deux droits sans ce principe de l’immortalité de l’âme.

§ 25. Tout de même, on peut fort bien étudier les autres biens sans s’inquiéter du tout du bien qui ne se rapporte qu’à l’Idée, parce que l’Idée n’est pas le principe propre de ce bien spécial qu’on étudie.