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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1250

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accident. Mais comme c’est la vertu accessible à l’homme que nous voulons connaître, posons d’abord qu’il y a dans l’âme deux parties qui sont douées de raison, bien qu’elles n’en soient pas douées l’une et l’autre de la même manière, l’une étant faite pour commander, l’autre pour obéir à celle-là et sachant naturellement l’écouter. Quant à cette autre partie de l’âme qui peut passer pour irraisonnable à un autre titre, nous la laissons de côté pour le moment § 16[1]. Peu nous importe également de savoir si l’âme est divisible ou si elle est indivisible, tout en ayant des puissances diverses, et les facultés qu’on vient de dire, de même que dans un objet courbe, le convexe et le concave sont tout à fait inséparables, comme le sont aussi dans une surface le droit et le blanc. Cependant le droit ne se confond pas avec le blanc, ou du moins il n’est le blanc que par accident, et il n’est pas la substance d’une même chose. § 17[2]. De même, nous ne nous occuperons pas davantage de telle autre partie de l’âme, s’il y en a une ; et, par exemple, de la partie purement végétative. Les parties que nous avons énumérées sont exclusivement

  1. Si l’âme est divisible ou indivisible. Dans la Morale à Nicomaque, Aristote écarte également cette question, qui appartient plus spécialement à la psychologie et à la métaphysique, — Dans une surface. J’ai ajouté ces mots pour compléter la pensée. — Le droit et le blanc. Dans un objet qui est blanc et droit à la fois. Ce second exemple est beaucoup moins clair que le premier, qui suffisait.
  2. De la partie purement végétative. D’après la conjecture de M. Frttzch, dans son édition de la Morale à Eudème. Le texte vulgaire dit « physique » au lieu de végétative. Il suffit du changement d’une seule lettre. — Les parties que nous avons énumérées. Un peu plus haut, l’une douée de raison, l’autre capable d’écouler la raison, bien qu’elle ne la possède pas. — N’appartiennent pas à l’homme. Les fonctions de la nutrition ne dépendent pas de nous, et le désir naît en nous sans notre participation.