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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1251

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propres à l’âme humaine ; et par suite, les vertus de la partie nutritive et de la partie concupiscible n’appartiennent pas à l’homme véritablement ; car du moment qu’on être est homme, il faut qu’il y ait en lui raison, commandement et action, mais la raison ne commande pas à la raison ; elle ne commande qu’à l’appétit et aux passions. C’est donc une nécessité que l’âme de l’homme ait ces diverses parties. § 18 Et de même que la bonne disposition du corps et sa santé consistent dans les vertus spéciales de chacune de ses parties, de même la vertu de l’âme, en tant qu’elle est la vraie fin de l’homme, consiste dans les vertus de chacune de ses parties différentes.

§ 19[1]. Il y a deux sortes de vertus, l’une morale et l’autre intellectuelle ; car nous ne louons pas seulement les gens parce qu’ils sont justes ; nous les louons aussi parce qu’ils sont intelligents et sages. Plus haut, nous avons dit que la vertu ou les œuvres qu’elle inspire, sont dignes de louanges ; et si la sagesse et l’intelligence n’agissent pas elles-mêmes, elles provoquent du moins les actes qui viennent d’elles seules. § 20[2]. Or, les vertus intellectuelles sont toujours accompagnées de la raison ; et par conséquent, elles appartiennent à la partie raisonnable de l’âme, laquelle doit commander au reste des facultés, en tant que c’est elle qui est douée de raison. Au contraire,

  1. Deux sortes de vertus. Voir la Morale a Nicomaque, livre I, ch. II, § 20, et livre II, ch. 1, § 1. — Plus haut, nous avons dit. Voir plus haut dans ce chapitre, § 11.
  2. En parlant du caractère moral. La différence n’est pas aussi tranchée dans notre langue qu’elle semble l’être en grec.