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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1263

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l’âme ayant deux parties différentes, les vertus aussi se divisent selon qu’elles appartiennent à ces deux parties distinctes. Les vertus de la partie qui possède la raison sont les vertus intellectuelles ; leur objet, c’est la vérité ; et elles s’occupent, soit de la nature des choses, soit de leur production. Les autres vertus sont propres à la partie de l’âme qui est irrationnelle, et qui n’a que l’instinct en partage ; car toutes les parties de l’âme ne possèdent pas l’instinct, bien que l’âme soit divisée. § 2[1]. Nécessairement, on le sait, le caractère moral est mauvais ou bon, selon qu’on recherche ou qu’on fuit certains plaisirs ou certaines peines. Cela même ressort évidemment des divisions que nous avons établies entre les passions, les facultés, et les manières d’être morales. Les facultés et les manières d’être se rapportent aux passions ; et les passions elles-mêmes ne sont définies et déterminées que par le plaisir et la douleur, § 3[2]. Il résulte de là, et des principes antérieurement posés, que toute vertu morale est relative aux peines et aux plaisirs que l’homme éprouve ; car le plaisir ne peut jamais s’adresser qu’aux

  1. Que nous avons établies. Voir plus haut, ch. 3, § 4.
  2. Toute vertu morale est relative… Déjà plus haut, j’ai fait remarquer que ce principe était un peu étroit, et que par conséquent il était très-contestable. Voir aussi la Morale à Nicomaque, livre II, du 3, § 5.