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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1283

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que les intempérants seule agissent par force et involontairement ; et l’on comprend bien pourquoi : c’est qu’il se passe en eux quelque chose qui ressemble à la contrainte et à la force que nous observons dans les objets inanimés. § 9[1]. Mais si l’on rapproche de ceci ce qui a été dit plus haut dans la définition proposée, on aura précisément la solution qu’on cherche. Ainsi, quand quelque chose d’extérieur vient pousser ou arrêter un corps quelconque à l’inverse de sa tendance, nous disons qu’il est mû de force ; et dans le cas contraire, nous disons qu’il n’est pas mû par force. Or, pour l’homme tempérant et pour l’intempérant, c’est la tendance qu’ils ont chacun en soi qui les pousse ; ils ont en eux les deux principes ; et par conséquent, ni l’un ni l’autre n’agit par force ; mais l’un et l’autre agissent librement, par ces deux mobiles et sans nécessité qui les contraigne. § 10[2]. Nous appelons en effet nécessité le principe extérieur qui pousse ou qui arrête un corps contre sa tendance naturelle, comme si quelqu’un vous prenait la main pour en frapper une autre personne, malgré votre résistance, contre votre volonté et contre votre désir. Mais du moment que le principe est intérieur,

  1. Ce qui a été dit plus haut. Voir au début de ce chapitre, et dans le chapitre précédent, § 2. — Ils ont en eux les deux principes. C’est là une vérité dont chacun de nous peut s’assurer en s’observant soi-même. — Qui les contraigne. J’ai ajouté ces mots.
  2. Du moment que le principe est intérieur. Il ne suffît peut-être pas que le principe soit intérieur pour qu’il n’y ait pas violence. Ce qui est plus vrai, c’est qu’il y a liberté du moment qu’il y a deux mobiles entre lesquels on peut également choisir.