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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1296

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du cercle n’est pas chose faisable. § 12[1]. Il est vrai qu’on ne délibère même pas non plus de toutes les choses réalisables qui ne dépendent que de nous ; et c’est bien là encore une preuve nouvelle, que, absolument parlant, l’intention n’est pas le jugement, puisque toutes les choses auxquelles s’appliquent l’intention et qu’on peut faire, sont nécessairement de celles qui dépendent de nous. § 13[2]. Aussi, en suivant cette idée, pourrait-on se demander comment il se fait que les médecins délibèrent sur les choses dont ils possèdent la science, tandis que les grammairiens n’en délibèrent jamais ? La cause en est que, l’erreur pouvant se commettre de deux façons, puisqu’on peut se tromper par raisonnement, ou bien par simple sensation, il y a cette double chance d’erreur en médecine, tandis que, si dans la grammaire on voulait discuter la sensation et l’usage, ce serait à n’en pas finir.

§ 14[3]. L’intention n’étant ni le jugement ni la volonté séparément, et n’étant pas non plus les deux pris ensemble ; car l’intention ne se produit jamais instantanément, tandis qu’on peut juger sur le champ qu’il faut agir et vouloir à l’instant même ; il reste qu’elle soit composée de ces deux éléments réunis dans une certaine mesure, tous les deux se retrouvant dans tout acte d’intention.

  1. De toutes les choses réalisables. Il eût été bon de citer quelques unes de ces choses.
  2. En suivant cette idée. J’ai ajouté ces mots, qui peuvent servir comme de transition. — Cette double chance d’erreur en médecine. Cette idée est très-vraie ; mais elle reste un peu obscure ici, parce qu’elle n’est pas assez développée. — La sensation et l’usage. Même remarque. La « sensation » ne signifie sans doute ici que le goût particulier de chaque individu.
  3. Dans une certaine mesure. C’est là ce qui fait que cette nouvelle définition ne contredit pas la précédente. L’intention n’est pas la volonté et le jugement réunis simplement ; c’est la combinaison de l’un et de l’autre, dans une mesure qu’il s’agit de déterminer.