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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1297

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Mais il faut examiner de près comment l’intention peut se composer du jugement et de la volonté. § 15[1]. Bien que le mot lui-même nous l’indique déjà en partie ; l’intention, qui, entre deux choses, préfère l’une à l’autre, est une tendance à choisir, un choix non pas absolu, mais le choix d’une chose qu’on place avant une autre chose. Or, ce choix n’est pas possible sans un examen et sans une délibération préalables. Ainsi, l’intention, la préférence réfléchie vient d’un jugement, qui est accompagné de volonté et de délibération. § 16[2]. Mais jamais on ne délibère, à proprement parler, sur le but qu’on se propose ; car le but est le même pour tout le monde. On délibère seulement sur les moyens qui peuvent mener à ce but. On délibère d’abord pour savoir si c’est telle chose ou telle autre qui peut y conduire ; et, une fois qu’on a jugé que telle chose y conduit, on délibère pour savoir comment on aura cette chose. En un mot, nous délibérons sur l’objet qui nous occupe, jusqu’à ce que nous ayons ramené à nous-mêmes et à notre initiative le principe qui doit produire tout le reste. § 17[3]. Si donc on ne peut appliquer son intention et sa préférence, sans avoir préalablement examiné et pesé le meilleur et le pire ; et si l’on ne peut

  1. Bien que le mot lui-même. Ceci est très exact en grec ; ce ne l’est pas également dans notre langue, quand on traduit le mot du texte par intention. — L’intention, qui… préfère. Paraphrase du mot unique qui est dans l’original.
  2. Le but est le même pour tout le monde. En ce sens que c’est le bien. Voir le début de la Morale à Nicomaque.
  3. L’intention ou la préférence. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Un appétit, un instinct. Même remarque.