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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1298

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délibérer que sur ce qui dépend de nous, dans les choses qui peuvent être et ne pas être, relativement au but poursuivi ; il s’en suit évidemment que l’intention ou la préférence est un appétit, un instinct capable de délibérer sur des choses qui dépendent de nous. Car nous voulons toujours ce que nous avons résolu de faire, tandis que nous ne résolvons pas toujours de faire ce que nous voulons. J’appelle capable de délibérer cette faculté dont la délibération est le principe et la cause, et qui fait que l’on désire une chose parce qu’on en a délibéré. § 18[1]. Ceci nous explique pourquoi l’intention, accompagnée de préférence, ne se rencontre pas dans les autres animaux, et pourquoi l’homme lui-même ne l’a ni à tout âge, ni dans toute circonstance. C’est que la faculté de délibération, non plus que la conception de la cause, ne s’y rencontrent point davantage ; et quoique la plupart des hommes aient la faculté de juger s’il faut faire ou ne pas faire telle ou telle chose, il s’en faut bien que tous puissent se décider par le raisonnement, attendu que la partie de l’âme qui délibère est celle qui est capable de considérer et de comprendre une cause. § 19[2]. Le pourquoi, la cause finale est une des espèces de cause ; car le pourquoi est cause ; et la fin en vue de laquelle une autre chose est ou se produit, est appelée cause. Ainsi, par exemple, le besoin de toucher les revenus qu’on possède est cause

  1. L’intention, accompagnée de préférence. J’ai du paraphraser le mot unique du texte. — La plupart des hommes…. Il s’en faut bien que tous. Ces deux assertions semblent contradictoires.
  2. Le pourquoi….. est une des espèces de cause. Voir dans la Métaphysique, livre I. ch. 3, p. 131 de la traduction de M. Cousin, et p. 13 de la traduction de MM. Pierron et Zévort. La cause finale est la quatrième des causes reconnues par Aristote.