Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/140

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cxxx PREFACE.

On a pu trouver qu'Aristote n'avait point appro- fondi suflisanrment cette distinction; et dans ses ouvrages, tels du moins qu'ils nous sont parvenus, la théorie des vertus intellectuelles est un peu sa- crifiée à celle des vertus inorales. Ce défaut est réel, bien qu'Aristote n'en soit peut-être pas respon- sable. Mais la distinction qu'il fait n'en est pas moins vraie, et elle ne mérite pas les critiques que lui ont adressées quelques moralistes, Schleierniacher entr'autres. Les qualités de l'esprit ne sont pas tout à fait celles du cœur, et l'on aura toujours raison de les distinguer dans la science, comme on les dis- tingue dans les relations de la vie. Le philosophe n'a pas voulu dire autre chose ; et le seul reproche qu'il ait encouru, c'est de n'avoir point poussé cette théorie assez loin. Elle vaudrait bien la peine qu'une main habile la reprit sur ces traces et en tirât tout ce qu'elle renferme.

Si les vertus intellectuelles se développent par l'enseignement et l'expérience, la vertu morale se développe surtout par l'habitude; et Aristote insiste beaucoup plus que ne l'avait fait Platon sur ce carac- tère essentiel de la vertu. 11 s'ensuit que la vertu et le vice ne sont pas donnés à l'homme par la nature; elle n'en donne que les germes, et c'est ensuite à

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