Aller au contenu

Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

<:\a\ IMIEFACE.

valions qu'il croil irréfutables, de démontrer l'inipos- sibiiité à peu près absolue de l'amitié. Les difficultés qu'il indique sont réelles ; mais elles ne sont point insurmontables ; et l'expérience de la vie nous montre assez souvent des amitiés sincères pour que le doute ne soit pas permis. Tout ce qu'il prouve de la pari de Kant, c'est que, selon toute apparence, il était per- sonnellement peu porté à l'amitié ; et que^ soit froi- deur d'âme, soit méfiance exagérée, il ne s'était pas fait d'amis fidèles. C'est une disposition assez fàcbeuse pour un moraliste; et elle est de nature à lui voiler les parties les plus douces et les plus consolantes du noble sujet qu'il étudie.

C'est que Kant se fait cette sigulière opinion de l'homme, qu'il est insociable, tout en étant destiné à la société. Les anciens, et Aristote surtout, avaient été beaucoup plus sages, en disant au contraire que l'homme est un être essentiellement sociable et poli- tique. Mais d'où vient cette insociabilité dont Kant accuse notre espèce? Uniquement de ceci, que l'homme naturellement porté à s'ouvrir à ses sem- blables, doit craindre cependant de leur confier ses secrets, de peur qu'ils n'en abusent, ou contre sa considération, ou contre sa sécurité. Il est possible que le philosophe, sous le gouvernement et dans la

�� �