Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/204

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(,\(,vi PUÉFACE.

revenu à doux ou trois reprises diflercnlcs, el tou- jours avec la niême force. C'est là une théorie assez importante, pour qu'il faille en peser attentivement les motifs. Aristote, dans sa Morale, s'était fort peu occupé des rapports de l'homme à Dieu, parce qu'il ne croyait ni à la providence, ni à l'immortalité de l'âme. Platon, au contraire, leur avait fait une très- grande place ; et dans le dialogue admirable des Lois, le dernier fruit et le plus mûr de sa sagesse, il y avait insisté avec une solennelle énergie. Kant veut retrancher absolument ces questions du domaine de la morale. Il me semble que c'est là une erreur très- fàcheuse.

Voici les arguments de Kant :

« La forme de toute religion, si l'on entend par » religion l'ensemble de tous les devoirs comme pré- » ceptes divins, appartient à la philosophie morale, » parce qu'il ne s'agit en cela que du rapport de la » raison à l'idée qu'elle se fait de Dieu. Mais la reli- » gion, quant à la matière, c'est-à-dire à l'ensemble )' des devoirs envers Dieu, ou le culte qui doit lui être « rendu, est placée hors des bornes de la morale philo- » sophique pure. Pour nous rendre sensible l'obliga- » tion morale, la raison doit supposer un être étranger » qui nous l'impose. Mais ce devoir ne va pas au-delà

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