Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/277

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PRELlMIiNAIRE. cr.ixix

rien IIP les révèle ostensiblement. Ils n'ont pas été seule- ment fort adroits à cacher leur fraude sous la vraisem- blance historique et littéraire ; ils ont su, en outre, rester si parfaitement fidèles à l'esprit péripatéticien que, sans copier Aristote, ils l'ont reproduit à s'y méprendre ; et que dans la doctrine qu'ils lui prêtent, ils n'ont pas laissé de traces sensibles d'une doctrine étrangère. Plus loin, je discuterai les anomalies et les irrégularités qu'on a cru découvrir dans le style ; et je tâcherai d'apprécier cette preuve très-grave pour ce qu'elle vaut.

Ainsi toutes les observations qu'on peut faire sur ces trois ouvrages, considérés en eux-mêmes, sous les rapports où nous venons de les étudier, tendraient à nous faire supposer qu'ils sont bien l'œuvre personnelle d' Aristote.

Mais toutes naturelles que paraissent ces références de la part '|d'un génie systématique, et sévère, comme le sien, on a pu, non sans apparence de raison, les rap- porter à l'un des premiers et des plus célèbres de ses éditeurs, le péripatéticien Andronicus de Rhodes, à la fin du siècle qui précéda l'ère chrétienne. Si l'on en croit Strabon i, ce fut Apellicon de Téos, riche bibliomane d'Athènes, qui ayant acquis des héritiers de Nélée les manuscrits d' Aristote et de Théophraste, à prix d'or, pensa |le premier à les transcrire, en combla les lacunes et les publia. Mais comme Apellicon, qui était peu philo- sophe, aimait plus les livres qu'il ne les comprenait, il paraît que ses restitutions furent très-maladroites, et que son édition était pleine de fautes. Plus tard, ces précieux manuscrits furent transportés à Rome avec toute la biblio-

(1) Slrnlion, liv. XIII, p. 608. , .

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