Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/285

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PRÉLIMINAIRE. cci.wmi

varié par des causes qu'il serait impossible de retrouver aujourd'hui. ]\lais ces modifications sont très-légères, et il est permis de n'eu tenir aucun compte. La grande Morale, qui ne mérite ce nom trop pompeux, ni par son étendue, ni par son style, ni par la profondeur de ses doctrines, semblerait, d'après Porphyre et David, avoir été appelée au contraire, la Petite Morale à Nicomaque. Ce nom lui conviendrait mieux sans aucun doute. Mais l'usage a prévalu, quoiqu* assez peu justifié. Le titre de Grande Morale est resté à celle qui en est le moins digne. Mais encore une fois, ce détail est sans importance ; et il aura peut-être suffi d'une simple faute de copiste pour autoriser ce changement, que le temps a consacré. La Grande Morale, s'il fallait appliquer justement cette dénomination, serait celle qui, pour nous, est depuis longtemps la Morale à Nicomaque.

Ce serait un tort de regarder ces témoignages de l'an- tiquité comme péremptoires, et d'admettre l'authenti- cité d'un ouvrage par cela seul qu'elle nous est garantie par des écrivains du premier et du second siècles. Mais ce serait un tort aussi de les dédaigner complètement, et je crois que la critique contemporaine n'a pas été très-sage de les négliger comme elle l'a fait.

Durant le moyen-âge, on avait tout autre chose à faire que de rechercher l'origine des livres. On les étudiait iivec passion parce qu'on avait tout à apprendre; et dans l'ignorance où l'on était, un ouvrage, pourvu qu'il vint de l'antiquité, était immensément utile. Qu'il fût d'Aris- tote ou d'Eudème, on avait presque également à en ])rofiter. Aussi, ne trouve-t-on point durant une dixaiiie de siècles une seule discussion sur ce sujet. Même après

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