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Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/459

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LIVRE 1, CH. VlU, ^ 5. 47

est incontestable? C'est un vain prétexte de dire qu'on ne veut point proclamer les gens heureux tant qu'ils vivent, de crainte des revers qui pourront survenir, et d'allé- guer que l'idée qu'on se fait du bonheur nous le repré- sente comme quelque chose d'immuable et qui ne change pas aisément ; et enfin que la fortune a souvent les retours les plus divers pour un même individu. § 3. D'après ce raisonnement, il est clair que si nous voulions suivre toutes les fortunes d'un homme, il nous arriverait souvent d'appeler le même individu heureux et malheureux, faisant de l'homme heureux une sorte de caméléon, d'une nature passablement changeante et ruineuse. § li. Mais quoi ! est-il donc sage d'attacher tant d'importance aux fortunes successives des hommes? Ce n'est pas en elles que se trouvent le bonheur ou le malheur ; la vie humaine est exposée à ces vicissitudes inévitables, ainsi que nous l'avons dit ; mais ce sont les actes de vertu qui seuls décident souverainement du bonheur, comme ce sont les actes contraires qui décident de l'état contraire. § 5. La question même que nous agitons en ce moment, est un témoignage de plus en faveur de notre définition du bonheur. Non, il n'y a rien dans les choses humaines qui soit constant et assuré au

��§ 3. Une sorte de caméléon. Com- bonheur. — Qui seuls décident souve-

paraison ingénieuse, d'autant plus rainement du bonheur. Les Stoïcieïi3

remarquable, qu'Aristote use très- ne sont pas allés plus loin, rarement de ces formes de style. § 5. Il n'y a rien dans les choses

§ 4. Ce sont les actes de vertu, humaines. Bel hommage rendu à la

Théorie parfaitement juste, mais qui vertu. — Vraiment fortunés. En

ne s'accorde pas tout à fait avec d'autres termes, vraiment heureux

ce qu'Aristote a dit plus haut du et dignes de rftrc.

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