Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/460

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AS MORALE A iMCOMAQUE.

point où le sont les actes et la pratique de la vertu ; ces actes nous apparaissent plus stables que la science elle- même. Bien plus, parmi toutes les habitudes de la vertu, celles qui font le plus d'honneur à l'homme sont aussi les plus durables, précisément parce que c'est surtout en elles que se plaisent à vivre avec le plus de constance les gens vraiment fortunés ; et voilà évidemment ce qui est cause qu'ils n'oublient jamais de les pratiquer.

g 6. Ainsi, cette persévérance que nous cherchons est celle de l'homme heureux, et il la conservera durant sa vie entière ; il ne pratiquera et ne considérera jamais que ce qui est conforme à la vertu ; ou du moins il s'y attachera plus qu'à tout le reste. Il supportera les traverses de la fortune avec un admirable sang-froid. Celui-là saura toujours se résigner avec dignité à toutes les épreuves, dont la sincère vertu est sans tache, et qui est, on peut dire, carré par sa base.

§ 7. Les accidents de la fortune étant très-nombreux, et ayant une importance très-diverse, tantôt grande, tantôt petite, les succès peu importants ainsi que les légers malheurs sont évidemment presque sans influence sur le cours de la vie. Mais les événements considérables et répétés, s'ils sont favorables, rendent la vie plus heu-

��S, 6. Les théories de ce § sont rap- tareras, page 74 de la traduction de

pelées dans la Politique, liv. VI, ch. 9, M. Cousin. Aristote la répète dans la

§ 2, page 329 de ma seconde édition. Rhétorique, liv. III, ch. II, page lliM,

— Carré par sa base. Cette meta- b, 27, édition de Berlin ; mais il ne

phore est de Simonide et non d'Aris- nomme pas Simonide. Du reste en

tote, qui d'ailleurs emploie ici les traduisant: «carré par sa base», j'a-

expressions même du poète. Platon joute à l'expression grecque qui si-

l'avait aussi déjà citée dans le Pro- gnifie simplement «cane.»

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