Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/461

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LIVRE I, CH. Vlll, ^ i). 49

reuse ; car ils contribuent tout naturellement à l'embellir ; et l'usage qu'on en fait donne un nouveau lustre à la vertu. S'ils sont défavorables au contraire, ils brisent et ternissent le bonheur ; car ils nous apportent avec eux des chagrins, et sont dans bien des cas des obstacles à notre activité. Mais dans ces épreuves même, la vertu brille de tout son éclat, quand un homme supporte d'une âme sereine de grandes et nombreuses infortunes, non point par insen- sibilité, mais par générosité et par grandeur d'âme. § 8. Si les actes de vertu décident souverainement de la vie de l'homme, ainsi que nous venons de le dire, jamais l'homme honnête qui ne demande le bonheur qu'à la vertu, ne peut devenir misérable, puisqu'il ne commettra jamais d'actions blâmables et mauvaises. A notre avis, l'homme vraiment vertueux, l'homme vraiment sage, sait endurer toutes les fortunes sans rien perdre de sa dignité ; il sait toujours tirer des circonstances le meilleur parti possible, comme un bon général sait employer de la manière la plus utile au combat l'armée qu'il a sous ses ordres; comme le cordonnier sait faire la plus belle chaussure avec le cuir qu'on lui donne ; comme font chacun en leur genre tous les autres artistes. § 9. Si ceci est vrai, l'homme heureux parce qu'il est honnête, ne sera jamais malheu- reux, quoiqu'il ne soit plus fortuné, je l'avoue, s'il tombe par hasard en des malheurs pareils k ceux de Priam.

��§ 7. Non poini par ijisensibilité. § 9. Quoiqu'il ne soit plus fov-

La restriction est très-nécessaire; et tune. Les nuances des expressions

les Stoïciens n'ont pas toujours su la grecques sont ici très - difficiles à

faire comme Arislote. rendre; «fortuné» semble impliquer

§ 8. Ne peut devenir misérable, un plus haut degré de bonheur que

Principe Platonicien et Stoïcien. le mot seul d' « heureux. » — Il n'a

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