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58 MORALE A NICOMAQUE.

mais à appeler intempérants ceux même qui jouissent à l'excès de la musique et des œuvres de la scène, pas plus qu'on n'appellera tempérants ceux qui enjouissent comme il convient d'en jouir. § 5. On ne le dirait pas davantage, en ce qui concerne les odeurs, si ce n'est indirectement. Nous ne disons pas queceux qui aimentl'odeurdes pommes, ou des roses, ou des parfums qu'on brûle, sont intempé- rants en fait d'odeurs ; nous le dirions plutôt de ceux qui aiment l'odeur des essences et des ragoûts, parce que les gens intempérants se plaisent à ces odeurs, en tant qu'elles leur rappellent les choses mêmes qu'ils désirent passionnément. § 6. On pourrait voir aussi d'autres gens se plaire, quand ils ont faim, à l'odeur seule des aliments. Or, goûter des plaisirs de cette sorte est d'un homme intempérant ; car il n'y a que l'intempérant qui désire si vivement tous ces objets de jouissance. § 7. Les animaux, autres que l'homme, ne connaissent le plaisir que donnent ces émotions que d'une manière indirecte. Ainsi, les chiens n'ont pas précisément de plaisir à sentir l'odeur des lièvres ; mais ils en ont beaucoup à le^^manger ; et c'est l'odeur qui leur apporte cette sensation. Le lion n'a pas plaisir non plus à entendre le mugissement du bœuf ; il a plaisir à le dévorer. Mais il a senti, en entendant cette voix, que le bœuf est tout proche; et c'est alors cette voix

��§ 5. Si ce n'est indirectement. § 6. Quand ils ont faim. Il semble

C'est-à-dire par les souvenirs que que la sensation est alors excusable

ces odeurs provoquent, ou par les en ce qu'elle est involontaire,

sensations qu'elles éveillent. — Les § 7. Les animaux autres que

choses mêmes qu'ils désirent passion- l'homme. Il est évident que les ani-

nément. Ici les plaisirs de l'amour; maux ne sont jamais intempérants,

là les mets rechercliés. puisqu'ils ne peuvent résister à Tins-

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