Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/738

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

216 MORALE A NICOMAQUE.

que vient leur réputation de prudence. Cependant on peut soutenir que l'individu ne saurait garantir son propre in- térêt sans la famille ni sans l'État. Mais j'ajoute que sa- voir 'gérer convenablement ses propres affaires, est une chose bien obscure et qui demande bien de l'attention. § h. La preuve de ce que je dis ici, c'est que les jeunes gens peuvent très-bien devenir géomètres, mathémati- ciens, et même se rendre fort habiles en ce genre de sciences. Mais il n'y a guères de jeune homme, ce semble, qui soit prudent. La cause en est toute simple : c'est que la prudence ne s'applique qu'aux faits particuliers, et que l'expérience seule nous les fait bien connaître; or, le jeune homme n'est pas expérimenté; car c'est le temps seul qui procure l'expérience. § 5. On pourrait se demander encore à ce propos, comment il se fait qu'un enfant même puisse devenir mathématicien, tandis qu'il ne peut être ni sage, ni versé dans la connaissance des lois de la nature. Ne peut-on pas dire que ceci tient à ce que les mathématiques sont des sciences d'abstraction, tandis que la science de la sagesse et la science de la nature tirent leurs principes de l'observation et de l'expérience? Ne peut-on pas ajouter que, pour ces dernières, les jeunes gens ne peuvent pas avoir d'opinions personnelles, et qu'ils ne font que répéter ce qu'on leur enseigne, tandis que dans les mathématiques la réalité n'a rien d'obscur pour eux ? § 6. On peut dire en outre que l'erreur pour

��qui n'est pas parvenue jusqu'à nous, séqucnt, la prudence véritable ne

Voyez Euripidis fragmenta , édition consiste pas à s'occuper uniquement

de Firmin Didot, page 810. — Sans de soi. la famille ni sans C Etat . Et par con- 4] 5. .4 ce propos. J'ai ajouté ces

�� �